Elle intrigue, elle inquiète, elle séduit, elle dérange. L’Intelligence artificielle ne laisse personne indifférent. Le récent afterwork organisé par UDITIS au CSEM l’a montré. Les différents intervenants de cette série de présentations express ont fait un tour d’horizon des avancées de l’IA dans divers domaines avant qu’un débat ne s’enchaîne et se poursuive jusque tard durant l’apéritif dinatoire.
70 ans d’intelligence artificielle
Directeur UDITIS, Hervé Sanglard a d’entrée rappelé quelques fondamentaux, notamment que l’IA n’est pas nouvelle. « Elle date d’au moins une septantaine d’années. Mais pendant longtemps, il ne s’est rien passé. Les progrès sont très récents ». Et extraordinaires. Deepl, Chat GPT, Dall-e sont autant d’applications qui étonnent par leur précision. Souvent, ces intelligences ont été nourries par les utilisateurs du web eux-mêmes et à leur insu. Hervé Sanglard a ainsi rappelé que chaque utilisation d’un Captcha pour entrer sur un site web a surtout pour objectif de créer de la donnée pour nourrir une intelligence quelque part...
Juste un outil de plus
Chief Digital Officer du CSEM, Serge Morisod a quant à lui relevé comment cette technologie est déjà implémentée dans divers projets du centre de recherche. Dans des projets de gestion énergétique, des modèles de diagnostic prédictif des maladies, les contrôle qualité des rails de chemin de fer, des stations météo qui résistent aux conditions extrêmes ou encore la mesure en continu de la pression sanguine. « Pour nous, l’Intelligence artificielle est un outil supplémentaire », a-t-il encore expliqué.
Un outil utilisé par Enovating, start-up qui a développé avec le CSEM pour le compte du service cantonal de l’économie la plateforme Neuchatel Industrial Clusters. Celle-ci cartographie un millier d’entreprises regroupées en fonction du produit, du domaine auquel il est destiné ou des savoir-faire utilisés. Aldous Zauug, CEO de la société a expliqué que l’outil utilisait l’apprentissage automatique pour trier des masses de données. « Ce travail pourrait être fait par des humains, mais l’IA permet d’accélérer le temps et de le faire beaucoup plus vite ».
Les photographes inquiets
Enfin, Sonia Jeunet, education director à l’agence Magnum photo, a expliqué par visio-conférence comment l’arrivée de nouvelles solutions d’IA provoquent un débat passionné parmi les photographes. Également au sein même de cette agence mondialement reconnue. « Certains photographes embrassent la technologie alors que d’autres jouent les garde-fous », a-t-elle expliqué. Rappelant que, récemment une photo générée par intelligence artificielle avait remporté un prestigieux prix, le jury n’y ayant vu que du feu, Sonia Jeunet a relevé les questions qui se posent actuellement dans son secteur d’activités. « La photographie est une manière de représenter le réel. Mais avec l’IA, peut-on encore croire ce que l’on voit ? Qui peut encore aujourd’hui raconter le réel ? », s’est-elle interrogée.
Questions en pagaille
Les développements récents de la technologie devancent donc des interrogations, comme l’a relevé encore Hervé Sanglard dans le débat d’après présentations : « le futur de l’IA pose des questions d’ordre éthique, juridique, moral et existentiel. La technologie en soit n’est ni bonne, ni mauvaise. Tout dépend de ce que les Hommes en font ».
Une intelligence pas encore humaine
Et que lui manque-t-il à ce stade pour remplacer l’être humain ? Des émotions ? « A ce stade, l’IA est une machine à imiter et je pense qu’elle n’est pas près d’avoir des émotions », estime Serge Morisod. Hervé Sanglard a également ébauché une réponse. « L’IA est puissante dans les applications très spécialisées. Mais elle n’est pas du tout à l’aise pour des utilisations généralistes. Justement là où l’Humain est très à l’aise… » Pour lui, la question ultime pour que l’IA égale l’homme reste celle-ci : « Pourra-t-on un jour donner une conscience à une machine ? et si oui, quels seront ses droits et comment nous, Humains, allons la considérer ? ».
Et si l’on posait la question à ChatGPT ?