Rencontre avec Michel Perrin, CEO et co-fondateur d’UDITIS
« Je me sens plus créatif qu’analytique »
Avec mille idées à la minute, Michel Perrin semble animé d’un dynamisme inépuisable, qu’il met avec bonheur au service d’UDITIS depuis 20 ans. Pour lui, diriger une entreprise, c’est comme faire de la bonne cuisine : un mélange de plaisir et d’envie de faire plaisir.
Pour Michel Perrin, diriger une entreprise, c’est comme cuisiner: il faut utiliser de bons ingrédients, savoir s’écarter parfois de la recette originelle et surtout avoir toujours envie de faire plaisir aux autres. (Photo P. Di Lenardo)
Il déborde d’énergie. Tout le temps. Ou presque. « De l’énergie, j’en ai pour faire les choses que j’aime. Par contre, je traîne volontiers pour faire les choses que je n’aime pas », lance Michel Perrin dans un éclat de rire. Co-fondateur et CEO d’UDITIS, il doit visiblement adorer son job, tant il met de cœur à mener l’entreprise depuis 20 ans maintenant. Son enthousiasme dépasse régulièrement les murs de la société. Afterworks, ateliers, séminaires, conférences sont autant de lieux où cet amoureux de l’Humain se nourrit d’échanges, de réflexions et aussi de rires.
De la raison et de la folie
Et lui qui adore tant les discussions philosophiques s’étonne presque de se retrouver à la tête d’une entreprise informatique. « Je me sens plus créatif qu’analytique. Ce n’est pas grave car mes équipiers sont plutôt factuels et j’adore travailler en complémentarité avec eux. J’aime plus la complexité que la complication, les doutes plus que les certitudes et cela fait toute la différence ». Et c’est sans doute pour cela qu’il est à l’aise chez UDITIS. « Pour guider une entreprise, il faut un doux mélange entre des gens raisonnables et des gens un peu fous ». Autant dire qu’il se classe plutôt dans la seconde catégorie. Ça vous surprend ? Il précise : « Pour bien prendre une décision, il faut d’abord des gens analytiques qui vont éliminer les pistes stupides ou irraisonnables. C’est indispensable. Mais la décision finale, il faut la laisser à des gens plus émotionnels. Je me sens bien dans cette posture ! »
Un parcours technique
C’est pourtant dans la stricte technique que cet enfant du Val-de-Travers a fait sa formation professionnelle. D’abord mécanicien-électronicien, puis technicien en électronique (option microtechnique), il avait été appelé par le tout jeune CSEM à venir y créer le service informatique interne. Avant de contribuer à le faire voler de ses propres ailes sous la forme d’une spin-off. Son parcours, comme celui d’UDITIS, a été de tout temps piloté à vue. « J’ai toujours saisi les opportunités qui se présentaient, sans vrai plan de carrière. Le passé m’intéresse peu, le futur lointain non plus. J’essaye de m’ancrer dans le présent, pour pouvoir avoir une influence sur le futur proche ».
Le business ? De la cuisine !
On pourrait le croire animé d’un dynamisme inépuisable. Il a quand même besoin de recharger les batteries de temps à autre. Et c’est en cuisine que Michel Perrin aime se ressourcer. Aux fourneaux, il mijote, il invente. Et il tire des parallèles avec le business. « On ne peut rien faire de bon avec de mauvais ingrédients. Pareil dans une entreprise : il faut de bonnes personnes pour pouvoir réussir. Et il y a aussi la recette. Elle donne la ligne directrice, mais il faut savoir s’en écarter. Elle précise les ingrédients, mais rien n’empêche d’en ajouter de nouveaux, d’en retirer certains. Au final, le plus important, c’est de savoir pourquoi et surtout pour qui on cuisine. Quand on le fait pour faire plaisir et contenter quelqu’un, on est beaucoup plus motivé. C’est la même chose professionnellement : quand on est motivé par l’envie de satisfaire les collègues et les clients, on a du plaisir à faire son job ! »
Tous chefs !
Là où la métaphore culinaire trouve ses limites, c’est dans l’organisation. Ne comptez pas sur Michel Perrin pour régner d’une main de fer sur sa brigade tel un chef étoilé. Lui, il préfère aplatir la hiérarchie, que chacun en cuisine puisse se réaliser et développer ses propres compétences « et devenir acteur de sa propre vie ».
C’est d’ailleurs sur cette voie qu’il a engagé UDITIS depuis trois ans maintenant, afin de donner plus d’agilité à la société et à ses employés, sans vraiment de destination précise, mais avec confiance dans le chemin. Pour cela, il a changé lui-même de statut, passant de dirigeant à accompagnant grâce à des formations dans la psychologie du management et coach professionnel.
Mais au fait, selon lui : à quoi va ressembler UDITIS dans 20 ans ? « Je n’en ai aucune idée. Et ça ne m’angoisse pas plus que ça ! »